FONDATION AUSCHWITZ

Georges Miedzianagora et Gabrielle Jofer

Quelques précisions quant au voyage d'un fantome historique ... H. F. Grynszpan

Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz, No. 30 octobre-décembre 1991

Editions du Centre d'Etudes et de Documentation, Bruxelles X

Le 7 novembre 1938 Herschel Feibel Grynszpan, âgé de 17 ans, est livré à la police de Paris par les gens de Eambassade d'Allemagne. Il est inculpé par le procureur de la République de tentative d'assassinat puis le 9 novembre, d'assassinat (1) commis sur la personne d'un conseiller de légation, attaché à l'ambassade d'Allemagne à Paris. Lorsque l'Armistice intervient le 22 juin 1940 entre la France et l'Allemagne, H. F. Grynszpan n'a pas encore été mis en jugement. Le 14 juillet 1940 la police francaise livre H. F. Grynszpan à la police allemande, qui emmène le prisonnier à Berlin. Interrogé par la Gestapo il est placé dans la section d'arrêt du camp de Sachsenhausen et ensuite dans diverses autres maisons d'arrêt en Allemagne.

En été 1941, le procureur, cette fois celui du IIIe Empire allemand, l'accuse de «Haute trahison». Son procès (couplé avec celui de Riom) devait établir la preuve judiciaire de la responsabilité criminelle du «Judaisme mondial» qui par l'action de H. F. Grynszpan aurait commencé la deuxième guerre mondiale. Cette preuve aurait eu la portée suivante : justifier l'extermination des Juifs d'Europe en cours d'exécution. Ce procès n'aura pas lieu. Hitler, qui s'occupe personnellement de ce montage judiciai:re en remet la date sine die. Si bien que H. F. Grynszpan continue à résider dans des prisons allemandes traité comme «VIP» dont le sort dépend directement de Hitler et de lui seul.

Dans le recit détaillé de ces événements tel qu'il est présente par les historiens il existe des erreurs dues à des lacunes documentaires. Ces erreurs apparaissent pour plusieurs périodes :

1ère periode, de juin à juillet 1940; elles concernent la livraison de H. F. Grynszpan à la police de sûreté allemande par les autorités francaises.

2ème période, de janvier à juillet 1942; ici les lacunes concernent l'aide demandée au gouvernement francais pour la réalisation du procès de Berlin.

3ème periode, du 7 Décembre 1942 (2) à avril 1945; qu'advient il de H. F. Grynszpan avant la fin de la guerre ?

4ème période, après avril 1945; H. F. Grynszpan a t il survécu à la guerre ?

Nous croyons pouvoir corriger ces erreurs et cela parce que nous pouvons introduire de nouveaux documents.

Pour la 1ère période : nous avons reussi ä obtenir la date exacte de l'inscription de H. F. Grynszpan dans les registres d'écrou de la prison de Toulouse en juin 1940.
En ce qui concerne la 2ème période: un dossier aux Archives Nationales à Paris qui n'avait jamais été signalé jusqu'ici comporte un ample echange de lettres entre des membres du gouvernement de Vichy.
En ce qui regarde la 3ème période: jusqu'ici les historiens avaient reconnu la présence d'un Otto Schneider dans la prison de Brandenburg à la fin du mois de janvier 1945, mais avaient sérieusement mis en doute qu'il put s'agir comme on l'avait d'abord cru de H. F. Grynszpan (3). Nous présentons ici pour la premiere fois la liste des entrées ä la prison de Brandenburg jusqu'ici il n'y avait sur ce point que des informations de seconde main. A partir de ce dernier document et du matériaux que nous présentons ci dessous à propos de la 4ème période on doit conclure que H. F. Grynszpan etait vivant le 30 janvier 1945 sous le nom d'Otto Schneider.
En ce qui concerne la 4ème période: les deux nouvelles sources sont constituées par des pièces rencontrées dans les «Archiv Walter Hammer» ä l'Institut pour l'histoire contemporaine ä Munich ainsi que par des informations émanant de la Chancellerie ä Paris.

I. JUIN JUILLET 1940

Selon les historiens H. F. Grynszpan aurait 8t8 libéré à Bourges le 17 ou le 18 juin 1940 par les autorités francaises. Il aurait vécu quinze jours durant en toute liberté avant de se présenter de son propre gré le 5 juillet 1940 à la prison de Toulouse, où à sa demande on l'aurait écroué à nouveau ! (4).

Grâce aux informations nouvelles dont nous avons pu disposer, il est etabli qu'en réalité H. F. Grynszpan est resté entre les mains des autorités francaises sans interruption du 7 novembre 1938 au 14 juillet 1940.

En juin 1940 l'Administration francaise déplace, pour les faire échapper aux troupes ennemies, le tribunal de la Seine, ses inculpes et ses dossiers. Des prisonniers de Fresnes sont évacués parmi lesquels se trouve H. F. Grynszpan. Celui ci se retrouvera successivement dans les prisons d'Or1éans, de Bourges, de Châteauroux et enfin de Toulouse : le 15 juin on quitte Or1éans; le 17 on arrive à Bourges; le 18 on quitte Bourges; on arrive ensuite à Châteauroux et enfin au plus tard le 24 juin 1940 à Toulouse dans la prison St Michel (5).

Les Allemands, de leur côté, avaient dépêché une escouade de Police spécialement chargée de retrouver et d'arréter H. F. Grynszpan (6). De Fresnes à Orléans puis Bourges, ces policiers sont aux trousses du détenu. Le journal «La Gerbe» nous apprend que grâce à l'arrestation des directeurs de prison de Fresnes puis d'Or1éans les policiers allemands sont informés de la piste à suivre (7). Les autorités francaises en présence et (ou) en prévision de cette chasse ä l'homme prennent la précaution de ne pas inscrire le nom de H. F. Grynszpan dans les registres de prison. Lorsque, lancés sur les traces de H. F. Grynszpan, les policiers allemands arrivent ä Bourges le 19 juin ils ne trouvent ni la personne de H. F. Grynszpan ni la mention de son nom au registre d'écrou de la maison d'arrêt. Du côté francais on raconte alors aux Allemands que le convoi des prisonniers parti d'Or1éans, parmi lesquels se trouvait H. F. Grynszpan, a été bombardé en cours de route par les armes allemandes et que les prisonniers en ont profité pour echapper ä leurs gardiens! (8). Les policiers allemands cependant découvrent la vérité: H. F. Grynszpan est arrivé à la prison de Bourges le 17 juin et en est reparti le 18 en direction de Chäteauroux. Le 29 juin 1940 les policiers allemands arrêtent Paul Ribeyre procureur de la République francaise coupable à leurs yeux de la disparition de H. F. Grynszpan; les autorités allemandes veulent faire comprendre aux autorités francaises que la liberté sinon la vie du procureur dépend désormais de la livraison de H. F. Grynszpan à la police allemande. Le gouvernement francais réagit par une note remise le 5 7 1940 au Général d'Infanterie von Stuelpnagel, Président de la Commission d'Armistice : « Monsieur RIBEYRE, Procureur général près la Cour d'Appel de BOURGES a été arrèté et incarcéré le 29 juin par l'autorité militaire allemande de BOURGES. Ce haut magistrat francais serait soupconné d'avoir libéré un assassin nommé Gruspan (sic).

Une protestation est élevée contre une telle mesure qui porte atteinte au prestige de la Magistrature Francaise et entrave le libre fonctionnement de la Justice dans le département du CHER.

II est demandé que Monsieur RIBEYRE soit immédiatement libéré » (9).

L'intransigeance allemande amènera cependant le gouvernement francais à accepter l'échange des prisonniers.

Le ministre de la justice francais s'enquiert dans ses services. Il recoit le télégramme suivant : « Justice Prisons à Justice Cabinet GRUNSPAN détenu TOULOUSE». Son directeur de cabinet téléphone à la direction des services de l'armistice au ministère de la défense nationale en demandant « de mettre au courant d'urgence le Général WEYGAND et de faire le nécessaire à WIESBADEN» (10). Il est 9 h 50 le 6 juillet 1940. Le même jour à 19 h 30 le ministère de la Défense Nationale envoie un message téléphoné à la Délégation Francaise à Wiesbaden: « ... Le Ministre de la JUSTICE fait connaitre : 'GRUNSPAN détenu à Toulouse'. Prière avertir autorités allemandes pour obtenir libération Procureur RIBEYRE » (11). Le 14 juillet 1940 vers 3 h de l'après midi à Chalon Grynszpan est livré à la police allemande (12). «l'Autorité allemande fait connaitre que le Procureur Général RIBEYRE a été libéré à Paris le 15 juillet 1940 » (13).

Lorsque les autorités francaises acceptent l'echange de H. F. Grynszpan contre Ribeyre il faut qu'elles «expliquent» aux Allemands ... comment H. F. Grynszpan qui leur aurait echappé en juin leur serait retombé entre les mains en juillet ! Qu'à cela ne tienne! On dira aux Allemands que H. F. Grynszpan est venu se constituer prisonnier de lui mème à la prison de Toulouse en juillet (14).

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II. DE JANVIER A JUILLET 1942

En janvier 1942 l'ambassade d'Allemagne ä Paris avertit le gouvernement de Vichy qu'un procès contre H. F. Grynszpan est en préparation ä Berlin. L'ambassade demande au gouvernement francais d'autoriser les citoyens francais qui avaient instruit à Paris de 1938 à 1940 l'affaire Grynszpan, c'est à dire les juge d'instruction, commissaires de police, témoins etc. à venir à Berlin pour participer au procès allemand. Le gouvernement francais rejette fermement la demande allemande. Le 10 février 1942 B. Méchin, secrétaire d'Etat à la vice presidence du conseil, remet à l'ambassade d'Allemagne à Paris une note dans laquelle est exposée la position du gouvernement francais: « ... Grynszpan est accusé d'avoir assassiné à Paris en 1938 le conseiller d'ambassade vom Rath. La compétence des juridictions francaises ne peut par suite être contestée et le jugement de ce procès à Berlin serait une atteinte à la souveraineté francaise. Il apparait donc impossible de consacrer ce dessaisissement en autorisant de hautes personnalités ou des fonctionnaires francais à déposer devant la Cour criminelle étrangère, incompétente en vertu de la loi francaise.

Cependant dans un sentiment de haute courtoisie internationale, le gouvernement francais est disposé à offrir toute facilité pour que tout renseignement utile soit recueilli sur le territoire francais auprès des personnes dont les noms ont été indiqués par les autorités allemandes » (15).

Là dessus Schleier de l'ambassade d'Allemagne suscite un entretien, entre l'Allemand Krug von Nidda et le Francais de Bourdeille, qui a lieu le 14 février 1942 et dont le contenu est le suivant : « M. Krug von Nidda indique à M. de Bourdeille que lors de son récent passage à Paris M. Schleier lui a remis la note adressée le 10 fevrier à l'ambassade d'Allemagne par M. B. Méchin au sujet de l'affaire Grynszpan. Il l'a chargé d'appeler l'attention de l'Amiral Darlan sur la gravité de cette affaire, il est en effet difficile à l'ambassade d'Allemagne d'accepter la note dont il s'agit qui prend une position peu conforme à l'esprit de la collaboration. Si ce document est transmis à Berlin il fera la plus flâcheuse impression sur l'esprit du Fuehrer qui le verra sans doute puisqu'il s'intéresse personnellement à la question.

D'autre part, la manière même dont la note est présentée ne conviendra certainement pas. II serait préférable de remplacer l'expression « sentiment de haute courtoisie» par une formule donnant l'idée que le procès dont il s'agit interesse la France dans le cadre de la collaboration franco allemande. Une telle maniere de présenter l'affaire serait certainement plus convenable de l'avis de l'ambassade d'Allemagne. Si d'après le droit francais les tribunaux francais sont compétents pour juger Grynszpan, les tribunaux allemands sont d'après le droit allemand également competents, ceci d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'un meurtre ordinaire mais d'un attentat contre la sécurité du Reich. D'ailleurs, remarque M. Krug von Nidda, le gouvernement francais a donné indirectement son assentiment au jugement par les tribunaux allemands en livrant aux autorités allemandes de la ligne de démarcation, en juillet 1940, l'accusé qui s'était enfui en zone non occupée. Le gouvernement francais ne peut donc pas aujourd'hui faire valoir qu'il y a une atteinte à la souveraineté francaise lorsqu'un procès est ouvert contre l'individu qu'il a lui même livré. Pour la même raison, il n'est pas fondé à opposer des difficultés au jugement du procès par les autorités judiciaires allemandes en refusant aux temoins francais l'autorisation de témoigner devant les tribunaux allemands à Berlin. Au demeurant une commission rogatoire ne suffirait pas, il serait indispensable que les témoins déposent en personne devant le tribunal de Berlin. En effet le procès a tout d'abord une portée politique et la comparution de temoins francais à Berlin soulignerait pour l'opinion publique allemande et francaise le fait que le gouvernernent francais désapprouve ce meurtre commis par un Juif qui a abusé de l'hospitalité francaise. Ceci serait d'autant plus important que la France depuis l'Armistice a adopté à l'égard des Juifs une politique nouvelle. Au cours de cet exposé M. Krug von Nidda laisse entendre que d'apres les renseignements de l'ambassade d'Allemagne Georges Bonnet a été l'objet de pressions de la part des autorités francaises pour qu'il ne se rende pas à Berlin. ( ... ) M. de Bourdeille fera part des propos de M. Krug von Nidda à M. B. Méchin en précisant que l'ambassade d'Allemagne désire qu'ils soient communiqués à l'Amiral » (16).

Mis au courant de cet entretien l'Amiral Darlan charge le Garde des Sceaux de rédiger un texte nouveau. Dans ce texte il s'agira de substituer à la fermeté première de la réaction francaise la douceur d'un acquiescement.

Le 21 fevrier 1942 le Garde des Sceaux écrit à l'Amiral : «Comme suite et conformément aux décisions prises à la réunion d'hier, j'ai l'honneur de vous faire parvenir un projet de note que j'ai etabli en réponse aux observations faites par M. Krug von Nidda à M. de Bourdeille ... 'le gouvernement francais ne peut que maintenir sa manière de voir déjà exprimée quant à la compétence de la justice francaise, la remise faite de l'accusé par les autorités militaires francaises étant un pur état de fait qui ne saurait engendrer d'état de droit ... il résulte de l'entretien du 14 février 1942 que la compétence des tribunaux allemands est également établie d'après le droit allemand. Le gouvernement francais, directement intéressé pour sa part à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire, désire résoudre ce conflit (sic) de compétence dans un esprit de loyale collaboration franco allemande, et, dans ces conditions ne fait pas obstacle à ce que des citoyens francais cités comme témoins devant la Cour criminelle défèrent à leur citation. Le gouvernement se plait à croire que cette décision sera appréciée par le gouvernement allemand' » (17).

Une copie de cette lettre fut envoyee par l'Amiral au Ministère des Affaires Etrangères et au Ministre de l'Intérieur le 23 février 1942 avec prière de donner leur avis. Le 12 mars l'Amiral Darlan fait remettre le nouveau texte de la réponse francaise à l'ambassade d'Allemagne à Paris.

B. Méchin chargé des negociations directes avec l'ambassade d'Allemagne fait savoir par une lettre du 25 avril 1942 que les Allemands demandent, maintenant, que le gouvernement francais libère les témoins de leur obligation légale au secret professionnel. Le Garde des Sceaux fait remarquer que cette libération est impossible en droit francais; il propose cependant que chaque ministre fasse connaitre aux temoins qui ressortissent à sa propre administration que c'est la volonté du gouvernement francais que ces témoins puissent déposer à Berlin au procès de H. F. Grynszpan sur les faits dont ils ont eu connaissance en leur qualité. Chacun des ministres convoque alors les témoins concernés et leur expose le point de vue du gouvernement francais.

Les travaux du gouvernement francais sur toutes ces questions se terminent enfin le 16 juillet 1942 par une lettre du Secrétariat général de la Présidence du Conseil adressée à B. Méchin. Celui ei est charge de communiquer le contenu de cette lettre ä l'ambassade d'Allemagne. « Objet: déposition de temoins francais dans l'affaire Grunspan ».

Par lettre du 25 avril 1942, vous avez bien voulu nous transmettre la demande des autorités allemandes tendant à ce que les témoins francais appelés à deposer au procès Grunspan soient deliés du secret professionnel.

J'ai l'honneur de vous faire connaître que Monsieur Tesnière, juge d'instruction, Messieurs Autret, Dufaillis, Badin et Four, fonctionnaires de la police, ainsi que Messieurs Baumgartner, Paul et Genil Perrin, médecins, ont été avertis par les soins des secretaires d'Etat dont ils dépendent respectivement, que le gouvernement ne fait aucune objection à ce qu'ils déposent devant la justice allemande sur les faits dont ils ont eu connaissance en leur qualité. » (18).

III. DE DECEMBRE 1942 A AVRIL 1945

Lorsque Hitler eut décidé de reporter sine die la tenue du procès de Grynszpan ce dernier fut placé en réserve, dans les prisons allemandes. Ce détenu était sous la dépendance directe de Hitler et personne en Allemagne n'aurait osé prendre sur soi de détruire cette « preuve vivante » à laquelle Hitler lui meme attachait une grande importance. Tant et si bien que lorsque les troupes soviétiques, en janvier 1945, approchaient de la prison de Sonnenburg, où était à ce moment là Grynszpan, au lieu de tuer celui ci, comme on fit pour 685 autres prisonniers politiques de la même prison, on prit au contraire soin de sa personne! Des hommes furent envoyés expressément pour le prendre en charge et le convoyer jusqu'à la prison de Brandenburg où il arriva le 28 janvier 1945 sous l'identité d'emprunt de Otto Schneider (19).

Le chef du groupe des hommes qui convoyerent H. F. Grynszpan alias Otto Schneider savait qu'il s'agissait de H. F. Grynszpan (20). Lorsque H. F. Grynszpan arriva à la prison de Brandenburg, on le reconnut. Ce fut, notamment, le fait de Walter Hammer, écrivain de langue allemande, lui même prisonnier politique. Walter Hammer avait dejà, dans une occasion précédente, rencontré H. F. Grynszpan ... dans les locaux d'interrogatoire de la Gestapo, en 1940 à Berlin. La photo de H.F. Grynszpan avait été publiée en 1938 dans la presse et Walter Hammer le reconnut, sans hésitation, dès l'instant où il le vit à Berlin en 1940, à Brandenburg en 1945 (21).

(Es folgt auf S. 79 Kopie der nun analysierten Liste in Schreibmaschinenschrift)

A la première ligne de ce document (22) nous lisons: «Arrivée le dimanche 28 janvier 1945 à 2h45 en provenance de Sonnenburg; » .

A la deuxième ligne : « 3520/44 Schneider Otto mos. tailleur 28 3 21 ».

Observations :

1 Ce dimanche là le nommé Otto Schneider est le seul prisonnier à faire son entrée dans la prison de Brandenburg.

2 La religion de Otto Schneider est indiquée par l'abréviation «mos.» qui signifie «mosaisch» c'est ä dire mosaïque (en France on aurait écrit, du moins jusqu'en 1940: «isr.» c'est à dire Israélite). Pour d'autres prisonniers mentionnés sur la même liste la religion est indiquée, par exemple, par «ev.» pour « evangelisch c'est à dire luthérienne ou évangé1ique; «kat.» pour «katholisch» c'est ä dire catholique; et, comment s'en étonner, sur cette liste on ne trouve guère d'autres prisonniers de religion «mosaique».

3 Pour métier on donne au nommé « Otto TAILLEUR» celui de tailleur. C'est un métier de famille dans la proche parenté de H F. Grynszpan.

4 La date de naissance de Otto Schneider est le 28-3 1921: c'est la date de naissance de H. F. Grunszpan.

5 Pour chaque prisonnier dont le nom figure sur la liste, sauf Otto Schneider, on indique un chef d'accusation, comme par exemple: haute trahison, vol, escroquerie, etc.; pour Otto Schneider aucun chef d'accusation n'est indiqué!

Si l'on considère ensemble ce document, les déclarations de Walter Hammer et celles de Walter Uhlmann on ne peut plus douter qu'en la personne de Otto Schneider se rencontre, ici, celle de Herschel Feibel Grynszpan.

IV. APRES AVRIL 1945

Après la fin de la guerre un écrivain allemand s'intéresse, pour des motifs qui lui sont propres, au cas

Grynszpan. Pour rassembler du matèriel sur ce sujet il s'adresse à une agence de Presse internationale. Le 14

septembre 1951 il recoit de cette agence les informations suivantes : « ... le journal américain PARIS

HERALD qui parait à Paris a pu sauver au delà de la guerre tout le matériel d'archives concernant le procès

Grünspan ... Par des amis nous savons, que Grünspan a été sauvé après l'occupation par les Américains. Au

jourd'hui il vit à Paris ... » (23).

Cet écrivain publie dans l'hebdomadaire allemand «Wochenend» le 2 4 et le 9 4 1952 deux articles assez longs sur l'affaire Grynszpan. Dans le second de ces articles nous lisons: «Ainsi le Ministère de la Justice de l'Empire recoit il la mission de garder Herschel Grünspan jusqu'à la fin de la guerre. Il est transféré dans la prison d'instruction de Magdebourg. Là il a été liberé par les Américains. Aujourd'hui Grünspan vit à Paris ... » (24).

Walter Hammer, maintenant devenu archiviste, entend parler de cette publication. Il écrit au co éditeur du «Wochenend» en le priant de lui envoyer le texte des deux articles. Les ayant recus, dans sa lettre de remerciements au co éditeur, Hammer ecrit le 3 août 1952: «Vous devriez quand même réussir à trouver Grynspan à Paris, puisque c'est à peine si je doute encore du fait que le 5 ou le 6 février 1945 Grynspan ait été amené par la Gestapo de Brandenburg ä Magdenbourg et que là il ait retrouvé la liberté grâce aux Américains ... » (25).

En avril 1957 la revue «Vierteljahreshefte fuer Zeitgeschichte» «Trimestriel d'Histoire Contemporaine» édite par le «Institut fuer Zeitgeschichte», Muenchen «Institut d'Histoire Contemporaine» à Munich publie un texte intitulé «Der Fall Gruenspan» «Le cas Gruenspan». Ce texte commence par les mots : «Il appartient aux dissonances de ces « Mille Ans » agités d'avoir laissé dans les ornières du chemin de la folie des hécatombes de victimes juives innocentes tandis cependant qu'un véritable coupable a survécu au grand massacre, sinon sans danger du moins sans blessure, et a pu dans les journées d'avril 1945 retrouver la liberté» (26).

Dans le dernier paragraphe du même article on lit : « à présent, à coup sûr devenu dénué de tout risque. Tandis que ses parents ont réussi l'émigration vers la Palestine Herschel Feibel Gruenspan vit à Paris sous un faux nom, alors que le meurtre de Ernst vom Rath est déja, selon le droit francais, prescrit » (27).

Entretemps la famille de H. F. Grynszpan essaye d'obtenir de la République Fédérale d'Allemagne des réparations pour préjudice de guerre. Au cours de la procédure entreprise par la famille Grynszpan le tribunal de Hanovre (Amtsgericht Hannover) est amené à devoir décider si H. F. Grynszpan vit ... ou est décédé. Ce tribunal s'adresse à l'auteur de l'article «Le cas Gruenspan» pour lui demander d'où il tient l'information selon laquelle H.F. Grynszpan ayant survécu à la guerre vivrait à préent sous un faux nom à Paris? L'auteur répond par ecrit le 24 mars 1959: «Selon mon souvenir, j'ai trouvé à l'époque dans les dossiers (de l'Instruction, menée depuis 1952 par le juge d'instruction du Landgericht Muenchen I contre l'auteur de l'article du «Wochenend» de 1952, pour «atteinte à la mémoire» du défunt conseiller de légation vom Rath. Instruction ouverte à la suite de la plainte déposée par le frère du défunt) une communication d'après laquelle Gruenspan se trouvait actuellement à Hambourg. Je ne puis cependant me souvenir de qui cette information émanait. Lors d'une conversation subséquente avec le juge d'instruction j'attirai son attention sur le fait qu'il serait en verité essentiel, pour son enquête comme aussi pour moi, de retrouver Gruenspan à Hambourg, ou, alors, à Paris où Gruenspan se serait tenu auparavant. Le juge d'instruction fut du même avis que moi et déclara vouloir adresser une demande à Interpol. Quand, après quelques mois, nous nous rencontrâmes à nouveau, je lui demandai quel avait été le résultat de cette recherche. Là dessus il me dit que selon les renseignements fournis par Interpol Gruenspan était à Paris sous un faux nom » (28).

Le tribunal de Hanovre essaye alors d'obtenir une confirmation de cette information et s'adresse à cet effet au «Staatsanwaltschaft bei dem Landgericht Muenchen I» au «procureur du tribunal de pays Munich 1» duquel il recoit le 24 novembre 1959 la réponse suivante : « ... dans les dossiers d'ici ... se trouve ... un 'tele texte' du bureau criminel fédéral à Wiesbaden, Nr. 407 du 11 6 1955 adressé au bureau criminel du pays de Bavière, Munich, qui comporte les mots suivants : '... Interpol Paris informe, que Grynszpan, prénom Herschel, né le 28 3 1921 à Hanovre, ne vit pas actuellement à Paris. Il est inconnu de la police des moeurs et des étrangers à Paris. On n'a pu trouver aucune trace d'un séjour éventuel depuis 1938. Selon certaines informations, qui seraient disponibles à Paris, le nommé vivait en 1954 à Hambourg, sous fausse identité» (29).

Pour vérifier cette dernière information le tribunal de Hanovre s'adresse alors au «Bundeskriminalamt» bureau criminel fédéral ä Wiesbaden. Le 15 janvier 1960 il recoit la réponse suivante : « Sur ... la question adressée à Interpol au sujet de votre demande, le 11-1 1960 est arrivée la radio réponse suivante: «Les données selon lesquelles le susnommé habiterait à Hambourg sous un faux nom se fondent sur des

informations non vérifiées, transmises en avril 1954 par franzoesischen Sicherheitsdienst» (Service Sûreté Francaise (sic)) stationné à Baden Baden. Celle ci (sic) n'a jamais été confirmée » (30).

Le tribunal de Hanovre considérant, enfin, qu'il n'a pas obtenu les preuves suffisant à établir que Grynszpan a survécu à la guerre, décide par un jugement du 1 6 1960, coulé en force de chose jugée le 24 7 1960, que Herschel Feibel Grynszpan est décédé le 8 mai 1945 (!) (31).

Ce jugement du tribunal de Hanovre est publié dans la Presse allemande. Le journaliste Klaus Natorp réagit ä cette publicité du jugement de Hanovre en écrivant le 23/24 7 1960 dans le journal allemand «Deutsche Zeitung» un article intitulé: «Ein Toter, der noch lebt » (Un mort qui vit encore) où l'on peut lire: « ... Mais Gruenspan est il vraiment mort ? Il en est beaucoup qui mettent sa mort en doute. Encore en novembre 1959 le journaliste Egon Larson affirmait dans la Revue mensuelle «World Jewry» («Judaisme Mondial»), que Gruenspan, qui serait marié et aurait deux enfants, vivrait ä present, sous un faux nom, à Paris. Il travaillerait dans un garage de banlieue. Et de mème, l'enquète de l'Institut d'Histoire Contemporaine en vint en 1957 ä la conclusion que Gruenspan vivait en France sous un faux nom, bien qu'entretemps son acte fut prescrit, selon le droit francais. D'apr8s nos informations ä Paris ces affirmations expriment les faits. La police francaise a confirmé la présence de Gruenspan à Paris et expliqué qu'elle le couvrirait dans tous les cas (... sie werde ihn unbedingt decken). L'homme voulant avoir sa tranquillité» (32).

Le tribunal de Hanovre, de la sorte publiquement défié, voulut en savoir davantage aussi écrivit il à Natorp pour lui demander s'il avait des «informations écrites» émanant de la police francaise. De telles informations, évidemment, Natorp n'en avait pas. Malgré cela il dit avec grande détermination (dans sa lettre en réponse à la lettre du tribunal de Hanovre): «Nos informations proviennent d'un journaliste qui les a obtenues de la police francaise, grâce à de bonnes relations. Nous n'avons aucun motif de douter de la confiance à accorder ä ces rapports, soit celui du «reporter» soit celui de la police. Nous ne pouvons cependant pas vous donner le nom de notre informateur, pour ne pas mettre son informateur en difficulté».

Aujourd'hui (1988) encore, 28 ans plus tard, Natorp désire ne pas donner le nom de cet informateur; de toute facon ce dernier vit encore, et, les motifs évoqués ci dessus continuent à exister » (33).

Le texte, immédiatement ci dessus, placé entre guillemets, est un extrait du livre de Hartmut Wrede «Der Fall Grynszpan und die Reichskristallnacht».

Récapitulons. De sources différentes, indépendantes les unes des autres, nous recevons les informations suivantes :

1 Grynszpan alias Otto Schneider est vivant en février 1945,

2 Grynszpan est vivant, après la guerre,

3 après la guerre Grynszpan vit sous un faux nom,

4 la police francaise est au courant de la fausse identité de Grynszpan et couvre celle ci.

Les informations qui donnent Grynszpan vivant après la guerre ont le caractère d'indiscrétions. Elles disent officieusement quelque chose qu'on ne veut ou (et) ne peut dire officiellement.

Remarquons également qu'il n'existe aucune trace ni documentaire ni de témoignage pour établir la mort de H. F. Grynszpan entre février et mai 1945.

Au cours de cette période pour exécuter H F. Grynszpan il aurait fallu un ordre de Hitler lui même. Pour peu qu'entre le 30 janvier et le 30 avril 1945 l'esprit de Hitler ait été absorbé par d'autres soucis que celui de la mise ä mort de H F. Grynszpan, celle ci n'aura pas été réalisé par les autorites subordonnées.

Pour comprendre la situation d'un Grynszpan survivant à la guerre voici comment on peut se représenter les choses. Lorsque en avril 1945 des troupes alli8es libèrent la région d'Allemagne où se trouve H.F. Grynszpan, elles ne libèrent pas pour autant celui ci ! Une maison d'arrêt ce n'est pas ... un camp de concentration! Les gens écroués sont peut être tout simplement des criminels de droit commun. Les officiers alliés qui prennent en charge la maison d'arrêt où se trouve Otto Schneider s'entendent déclarer par celui ci: Je suis Herschel Feibel Grynszpan, l'auteur d'un attentat célèbre, realisé ä Paris en novembre 1938. Même si les officiers alliés sont au courant de l'attentat de Paris, il ne leur est pas forcément possible de vérifier si Otto Schneider est en effet H.F. Grynszpan! Seules les autorités frangaises pourraient etablir le fait. C'est ainsi qu'on est amené à remettre le prisonnier aux autorités francaises. Bref, en mai 1945: retour à la case départ! Herschel Feibel Grynszpan est à Paris entre les mains de la justice francaise qui tout normalement récupère son inculpé resté sous la souveraineté francaise, son long séjour en Allemagne n'ayant jamais été autre chose qu'un « pur état de fait qui ne saurait engendrer d'état de droit» (34).

Que faire de cet inculpeé? Le délai de prescription est loin d'étre écoulé (34bis). Il faudrait, pour respecter les règles du droit francais, mettre H.F. Grynszpan en jugement. Un tel procès, en 1945, outre qu'il aurait semblé ridicule, aurait comporté encore d'autres inconvénients. Il aurait amené forcement avec lui l'examen de plusieurs questions.

1 Les tergiversations du gouvernement et (ou) de la justice francaise de 1938 ä 1940 (pourquoi n'avait on pas encore jugé H.F. Grynszpan en mai 1940 alors que l'instruction judiciaire etait terminée depuis longtemps?).

2 La livraison, contraire au droit, de H. F. Grynszpan aux Allemands le 14 juillet 1940.

3 La participation de l'administration et du gouvernement de Vichy à la préparation du procès de Berlin.

Dans ces circonstances un arrangement peut intervenir :

1 H. F. Grynszpan ne sera pas jugé, il sera remis en liberté,

2 il vivra sous une identité d'emprunt,

3 il tiendra le secret sur cet arrangement,

4 la Police francaise protégera sa nouvelle situation.

Un tel arrangement, s'il est intervenu, nous permet de comprendre l'ensemble des informations qui ont surgi dans les documents et par les temoignages à partir de 1951.

Remarquons que de son côté, Grynszpan ne peut jamais être sûr qu'un nouvel acte d'instruction n'a pas été posé, par exemple en 1949, qui mettrait le terme de la prescription, cette fois, en 1959 (etc.) (35).

On ne doit évidemment pas s'attendre à trouver des documents où un secret d'une telle nature serait révélé officiellement. Si de tels documents existent, on les aura mis à l'abri de la curiosité historienne.

Pourtant, en cherchant à retrouver, dans les dossiers de la Chancellerie ä Paris, des traces de H.F.Grynszpan, nous trouvons des confirmations soit directe soit indirecte de cette représentation des événements après avril 1945. Confirmation indirecte. Le 9 novembre 1938 on ouvre à la Chancellerie un dossier Grynszpan (ce dossier ne se confond pas avec celui de l'instruction judiciaire. En effet, lorsqu'une affaire présente un intérêt politique du point de vue de la Chancellerie, celle ei constitue son propre dossier qui double en quelque sorte le dossier d'instruction judiciaire). En recherchant ce dossier, dont nous avions espéré l'existence, nous avons découvert:

l qu'il a bien existé un tel dossier, que celui ci se trouvait encore dans les Archives de la Chancellerie le 17 février 1955, date à laquelle le magistrat Mme Renon le recoit des Archives.

2 Aujourd'hui aux Archives de la Chancellerie, on nous informe du fait que ce dossier est introuvable!

... Il aurait, en quelque sorte, disparu.

Cette disparition du dossier joue ici comme une préomption: on veut cacher quelque chose.

Confirmation directe. Il est établi par les registres que le ler mai 1945 on a fait remonter le dossier Grynszpan des Archives de la Chancellerie! (36). Cette date, le ler mai 1945, correspond parfaitement ä la représentation des évènements que l'on vient de donner. Découvert en avril 1945 quelque part en Allemagne, H.F. Grynszpan est à Paris en mai 1945. Evidemment, la première chose que fait l'administration francaise, c'est demander le dossier de Grynszpan conservé dans les Archives de la Chancellerie: le ler mai 1945, en effet, ce dossier est demandé!

Il y a aujourd'hui un peu plus de soixante dix ans que Herschel Feibel Grynszpan est né. Libre à lui - vivant de redevenir sujet de cette Histoire contemporaine dont il a déjà écrit quelques paragraphes ou de ... rester un fantôme historique.

Dans ce texte nous avons essayé de corriger certaines erreurs qui reposent sur des lacunes documentaires. Il existe encore dans la littérature consacrée à ce Sujet des erreurs qui n'ont pas cette excuse.

Peut être nous sera t il donné d'essayer de corriger celles ci dans des travaux ulterieurs.

NOTES

Blessé le 7 novembre au matin, l'attache meurt le 9 novembre dans l'après midi.

Dans la nuit qui suivit le décès du Conseiller, le Gouvernement du IIIe Empire commenca une action de grande ampleur dans tout le territoire de la «Grande Allemagne» (Gross Deutschland):

l 91 personnes furent assassinées la nuit mème.

2 Entre le 10 novembre et le 2 décembre, 26.000 hommes âgés de 16 ä 80 ans furent saisis et menés de force dans des camps de concentration (Rita THALMANN et Emmanuel FEINERMAN, Die Kristallnacht, Frankfurt am Main, Editions Athenaeum, 1988, p. 165. Titre de l'édition originale en frangais, La Nuit de Cristal, Paris, Ed. Robert Laffont, 1972).

3 Presque toutes les synagogues des pays allemands furent incendiées ou autrement detruites (Hans Juergen DOESCHER, Reichskristallnacht. Die November Pogrome 1938, Zeitgeschichte, Ulstein Buch Nr 33135, Frankfurt/M Berlin, November 1990, page de garde).

4 La plupart des magasins et appartements appartenant à des «Juifs» sont pillés ou démolis (H. S. DOSCHER, ibid.).

Le nombre des morts produits par cette action «terroriste d'Etat » est situé entre 2.000 et 2.500 hommes, femmes, enfants (R. THALMANN et E. FEINERMAN, ibid., p. 112).

La nuit oü cette action commenga (9 10 novembre 1938 ) fut d8signie ensuite par les l~azis par le mot «Reichskristallnacht». Nommer cette nuit «Reichskristallnacht» ou en francais «Nuit de Cristal », c'est accorder quelque ligitimite ä ce segment du discours nazi, voire ä sa «poesie cynique» (R. THALMANN et E. FEINERMAN, ibid., p. 7 «die poetisch zynische Bezeichnung « Kristallnacht » ).

2) «The last indication that Grynszpan was still alive, or at least that someone at the Foreign Ministry thought him to be alive, was a memorandum of December 7, 1942. On that date, Kruemmer noted in the files that the foreign minister had ordered that the materials prepared by Grimm, demonstrating Jewish participation in the assassination designed to upset the peace of Europe, be made available to the public».

Gerald SCHWAB, The Day the Holocaust began. The Odyssee of Herschel Grynszpan. (Praeger Publishers), New York, 1990, p. 200.

« ... It was at that point that his name (Grynszpan) ceased appearing on German documents. At the end of 1942, he simply vanished ».

Anthony READ/David FISHER, Kristallnacht. The Nazi Night of Terror, (Random House), New York, 1990, p. 254.

3 ) Cf . Alain CUENOT, L'affaire Grynszpan vom Rath. Manuscrit non publié, (Centre de Documentation Juive Contemporaine), Paris, pp. 220 221. En anglais, The Herschel Grynszpan Case. (David Rome), Beverley Hills, California, 1982, p. 155.

Cf. Ron ROIZEN, Herschel Grynszpan : The Fate of a Forgotten Assassin. In: Holocaust and Genocide Studies, Vol. 1, No 2, 1986, pp. 220, 223.

Cf. Hartmut WREDE, Der Fall Grynszpan und die Reichskristallnacht. Hamburg, 1988, p. 223 et seq.

Cf. READ/FISHER. p. 254.

Cf. SCHWAB, p. 199.

4 ) « Le gardien chef de la prison de Bourges vint le 18 juin au matin demander au procureur des instructions à propos des quelques prisonniers recus d'Orléans, dont Grynszpan. Celui ci ne le vit même pas. D'accord avec le préfet, Morisieur Taviani, il conseilla au gardien chef de ne pas mentionner son nom sur les registres et de le faire «filer» vers Châteauroux. Cette route était la seule encore libre et le temps pressait puisque le 19 juin les armées allemandes pénétraient à Bourges. Grynszpan toujours docile, s'en fut seul et sans gardien à la prison de Chäteauroux d'où il fut envoyé plus loin, vers Toulouse, où il arriva toujours seul et libre. (p. 180) ...

Grynszpan sans argent, parlant le francais avec un fort accent germanique avait fui vers le midi entraîné par la foule des fuyards . Mal placé pour survivre, sans conseil dans un pays qu'il connaissait mal, il ne put supporter, sans aide, sans argent, plus de quinze jours en liberté. Il ne trouva pas d'autres moyens pour subvenir à son existence que de frapper une nouvelle fois à la porte d'une prison qui fut celle de Toulouse, mais cette fois il eut satisfaction et y fut admis ... » (p. 188 ). Cuenot, manuscrit.

Cf. aussi Helmut HEIBER, Der Fall Gruenspan, In : Vierteljahreshefte fuer Zeitgeschichte, Heft 2, April 1957, pp . 145 et seq.

Rita THALMANN / Emmanuel FEINERMANN, op. cit., pp. 68-74.

WREDE, pp. 188 et seq.

READ/FISHER, pp. 245 247.

SCHWAB, pp. 125 129.

5) Cf. registres d'écrou de la prison St. Michel de Toulouse à la date du 24 juin 1940.

6) «Der Vertreter des Auswaertigen Amtes beim Armeeoberkommando 6 Lr.» à «Reichsministerium f. Volksaufklaerung und Propaganda» le 30 juin 1940 :

«Moerder Gesandtschaftsrats vom Rath wurde kurz vor Einnahme von Paris gemaess Feststellung von Professor Grimm aus der Jugendabteilung des Gefaengnisses in Fresnes nach Orleans ueberfuehrt, habe gestern Nachforschungen veranlasst. In Orleans ist Gruenspan vor deutschem Einmarsch gemaess vorgefundener Aufzeichnung nach Bourges gebracht worden. Ein Sondertrupp Geheimer Feldpolizei folgt seinen Spuren ».

In : DZA Potsdam, Nr. 988, p. 63; cf. aussi ibid., pp. 62, 64.

7) « ... Une fois dans la rigion parisienne, les Allemands n'oublièrent pas d'aller à Fresnes pour demander au directeur de la prison qu'on leur livre Grynspau (sic). Malheureusement, le gouvernement francais ... avait fait le nécessaire pour que Grynspau fût évacué sur Orléans.

A cette nouvelle déeverte, les Allemands mirent sous les verrous le directeur et le sous directeur de la prison!

Puis, lorsqu'ils furent à Orléans, Grynspau ayant de nouveau été évacué sur Bourges, ils mirent sous les verrous le directeur et le sous directeur de la prison ... »

"Si cette histoire vous amuse ... ", In: La Gerbe. Hebdomadaire de a volonté francaise, 1ère année, No 6, 15 août 1940, p. 2.

La véracité de ce récit est confirmée par une allusion qui y est faite dans une conversation entre Diewerge et Abetz où le premier nommé fait remarquer que tactiquement il aurait mieux valu ne pas le publier. Cf. DZA Potsdam, Nr 988, p. 73.

8) La Version francaise des événements est transmise du côté allemand aux autorités compétentes par le télégramme suivant :

« Weitere Fahndung nach dem Moerder Gruenspan ergab, dass am 15. Juni 96 Haeftlinge zu Fuss von Orleans nach Bourges in Marsch gesetzt wurden. Transport unterwegs in deutsches Artilleriefeuer gekommen, Haeftlinge wurden teils getoetet, zum Teil sind sie entflohen, Gruenspan war nicht unter dem in Bourges angekommenen Rest von 6 Haeftlingen, die bei Verhoer angaben, Gruenspan nicht zu kennen ».

«Der Vertreter des Auswaertigen Amtes bei AOK 6» à "OKW"le 23 juin 1940, cf. DZA Potsdam, Nr 988, p. 64 bis.

9 ) AJ41 500, P.G.E. 329, Livraison au Reich de "Kriegheizer" Iter Non Deserleurs, Archives Nationales, Paris.

10) Ibid.

11) Ibid.

12) Ibid.

13) Ibid.

14) Cette version figure dans un télégramme que les autorités allemandes envoient, au Ministère des Affaires Etrangères allemand, de Paris le 18 juillet 1940:

"... dann über Justizminister Vichy-Regierung Mitteilung, dass Gruenspan sich von sich aus im Gefaengnis Toulouse gemeldet...."

Cf. DZA Potsdam, Nr 988, p. 64.

15) F 60 401, Archives Nationales, Paris.

16) Ibid.

17) Ibid.

18) lbdi.

19) La présence en Allemagne de Grynszpan n'ayant jamais été révélée au public allemand – on en réservait l'annoce pour un moment situé juste avant l'ouverture du grand procès il convenait d'inscrire Grynszpan dans les registres des prisons sous une identité d'emprunt .

Cf. sur ce point : Friedrich Karl KAUL, Der Fall des Hern Grynszpan. (Akademie VerIag), Berlin, 1965, p. 123.

20) « ... Als wir dann am 28. Januar 45 nach Brandenburg zurueckfuhren, nahmen wir einen Gefangenen mit, der sich in Begleitung von 2 Beamten befand und an Haenden und Fuessen gefesselt war. Von meinem Aufseher, dem Hilfswachtmeister Donath, hoerte ich dann, dass dieser Gefangene Anselm (sic) Gruenspan war ... »

Lettre de Walter Uhlmann à Walter Hammer le 26 juillet 1954, Archiv Walter Hammer, ED 106, Bd. 47 Institut fuer Zeitgeschichte, Muenchen

21) « ... Es war Ende August oder Anfang September 1940, dass ich im Hausgefaengnis der Gestapo- Zentrale im.Keller des Reichssicherheitshauptamtes, Berlin, Prinz Albrecht Strasse 8, dem Gruenspan begegnete, ohne ihn sprechen zu koennen. Nach den frueher veroeffentlichten Bildern habe ich ihn aber sogleich auf den ersten Blick erkannt.

... Im Januar 1945 taucht er wieder in meinem Blickfeld auf. Ich war damals im Zuchthaus Brandenburg. In der Nacht vom 29. zum 30. Januar 1945 wurden in einer einzigen Nacht auf dem Hof des Zuchthauses Sonnenburg nicht weniger als 685 politische Gefangene von der SS erschossen, waehrend die kriminellen Gefangenen nach dem Westen auf Transport geschickt wurden. Ein LKW des Zuchthauses Brandenburg erhielt den Auftrag, einen Gefangenen von Sonnenburg nach Brandenburg zu holen. Dieser war an Haenden und Fuessen gefesselt. In der Zugangsliste des Zuchthauses Brandenburg registriert unter Nr 3520144 am 28. Januar 1945 als Otto Schneider, von Beruf Schneider, geboren am 28.3.1921. Es war dies Herschel Feibel Gruenspan (ge. am 28,3. 1921 ! ) ... »

Walter Hammer, le 7 juillet 1959 in: ibid.

22) Transportlisten zum Zuchthaus Brandenburg, Registratur (Pr. Br. Rep. 29 D 10), Staatsarchiv Potsdam.

Nous avons obtenu ce document grâce aux recherches et à la gentillesse de M. Peter Buhmann de «Nationale Mahn und Gedenkstaette Brandenburg ».

23) « ... Die in Paris erscheinende amerikanische Zeitung PARIS HERALD hat das ganze Archivmaterial vom Prozess Gruenspan ueber den Krieg retten koennen ...

Von Freunden wissen wir, dass Gruenspan nach der Besetzung von den Amerikanern gerettet wurde. Er lebt heute in Paris ... »

Lettre de «COPRESS, Internationale Presse Bildagentur» à Soltikow le 14 septembre 1951, in : Archiv Walter Hammer, op.cit.

Selon les informations que nous avons obtenues du Service des Archives du «International Herald Tribune» (nouveau nom du Paris Herald) à Paris, ces archives ont en effet été conservées pendant plusieurs années encore après la guerre. Aujourd'hui cependant elles n'existent plus.

24) «So bekommt des Reichsjustizministerium den Auftrag, Herschel Gruenspan bis zum Kriegsende zu verwahren. Er wird in das Untersuchungsgefaengnis Magdeburg ueberfuehrt. Dort ist er von den Amerikanern befreit worden. Heute lebt Gruenspan in Paris ... »

« Geheime Reichssache » in: Wochenend, Nr 15, 9.4.1952, p. 13.

25) «Es sollte Ihnen doch gelingen, Grynspan in Paris aufzutreiben, denn ich zweifle jetzt kaum noch daran, dass er am 5. oder 6. Februar 1945 von der Gestapo aus Brandenburg nach Magdeburg gebracht wurde und dort durch die Amerikaner die Freiheit erlangt hat ... »

Archiv Walter Hammer, op . cit.

26) «Es gehoert zu den Ungereimtheiten jener hektischen 'Tausend Jahre', dass zwar Hekatomben unschuldiger juedischer Opfer den Weg des Wahnsinns säumten, dass aber ein wirklich Schuldiger das grosse Massaker wenn auch nicht ungefaehrdet, so doch unversehrt ueberleben und in den Apriltagen 1945 wieder in die Freiheit zurueckkehren konnte.»

Heiber, op. cit., p. 134.

27) «Nach dem Krieg hat der Attentaeter von 1938 derauf verzichtet, in seine nun gewiss risikolos gewordene Rolle von Fresnes zurueckzukehren. Waehrend seinen Eltern die Auswanderung nach Palaestina gelungen ist, lebt Herschel Feibel Gruenspan unter falschem Namen in Paris, obwohl die Ermordung Ernst vom Raths nach franzoesischen Recht bereits verjaehrt ist.»

Ibid., p. 172.

28 ) «Nach meiner Erinnerung habe ich damals in den Akten eine Mitteilung gefunden, dass sich Gruenspan heute in Hamburg aufhalte, wobei es mir aber nicht erinnerlich ist, von wem diese Auskunft stammte. Bei einem spaeteren Gespraech mit dem Untersuchungsrichter wies ich ihn darauf hin, dass es doch wohl fuer seine Ermittlungen wie auch fuer mich wesentlich sei, Gruenspan in Hamburg ausfindig zu machen oder aber in Paris, wo er sich vorher aufgehalten haben sollte. Der Untersuchungsrichter war der gleichen Meinung und erklaerte, eine Anfrage an Interpol richten zu wollen. Als wir nach einigen Monaten erneut zusammenkamen, fragte ich ihn nach dem Ergebnis dieser Recherche, woraufhin er mir mitteilte, dass sich Gruenspan nach Auskunft von Interpol unter falschen Namen in Paris aufhalte. »

Heiber à «Amtsgericht Hannover» le 24 3 1959, in : «Affaire Gruenspan », CDJC, Paris.

29) «In den hiesigen Akten ... befindet sich ... ein Fernschreiben des Bundeskriminalamtes Wiesbaden Nr 407 vom 11 6.1955 an das Bayer. LKA Muenchen, das folgenden Wortlaut aufweist: '... Interpol Paris teilt mit, dass Grynszpan, Vorname Herschel, geb. 28.3.1921 in Hannover, zur Zeit nicht in Paris wohnt. Er ist bei der Sitten und Auslaenderpolizei in Paris unbekannt. Seit 1938 konnte keine Spur eines eventuellen Aufenthalts festgestellt werden.

Nach gewissen Auskuenften" die in Paris vorliegen sollte (sic), lebte Genanter 1954 unter falschen Personalien in Hamburg.»

In: ibid .

30) «Auf die ... Ihrem Ersuchen entsprechend an Interpol Paris gerichtete Anfrage ist unter dem 11.1.1960 folgende Funkantwort eingegangen :

«Die Angaben nach dem der Obengenannte in Hamburg unter falschen Namen wohne, stuetzt sich auf eine im April 1954 vom in Baden Baden stationierten franzoesischen Sicherheitsdienst (Service Sûreté Francaise) durchgebenen, nicht ueberprueften Informationen. (sic) Diese ist niemals bestaetigt worden.“

In : ibid.

31) Cf. «Betr. : Todeserklaerung Herschel Gruenspan». In ibid.

32) « ... Aber ist Gruenspan wirklich tot? Es gibt viele, die das bezweifeln. Noch im November 1959 behauptete der Journalist Egon Larson in der Zeitschrift «World Jewry», Gruenspan, der verheiratet sei und zwei Kinder habe, lebe jetzt unter falschem Namen in Paris. Er sei Arbeiter in einer Vorort Garage. Auch die Untersuchung des Instituts fuer Zeitgeschichte kam 1957 zu dem Schluss, Gruenspan muesse in Frankreich unter falschem Namen leben, obwohl seine Tat nach franzoesischen Recht inzwischen verjachrt sei. Nach unseren Informationen aus Paris entsprechen diese Angaben den Tatsachen. Die franzosische Polizei bestaetigte Gruenspans Anwesenheit in Paris und erklaerte, sie werde ihn unbedingt decken. Der Mann wolle seine Ruhe haben ... »

Klaus Natorp : Ein Toter, der noch lebt.

In : Deutsche Zeitung, Nr 169, Koeln 23./24. Juli 1960, p. 3.

33) «Das Amtgericht Hannover, solchermassen oeffentlich herausgefordert, wollte es nun etwas genauer wissen und schrieb Natorp an, ob er etwa «schriftliche Auskuenfte» der franzoesischen Polizei habe. Die hatte Natorp freilich nicht. Dennoch sagt er mit aller Bestimmtheit :

« Unsere Informationen stammen von einem Journalisten, der sie dank guter Verbindung von der franzoesischen Polizei erhielt. Wir haben keinen Grund, an der Zuverlaessigkeit der Berichte weder des Reporters noch der Polizei zu zweifeln. Den Namen unseres Gewachismannes koennen wir Ihnen jedoch nicht nennen, um seinen Informanten nicht in Schwierigkeit zu bringen. »

Auch jetzt noch, 28 Jahre spaeter, moechte Natorp den Namen seines Informanten nicht preisgeben; jedenfalls lebt der Betreffende noch, und die oben erwaehnten Gruende bestehen weiter. »

Wrede, op. cit., p. 217.

34) Comme le disait si bien le Garde des Sceaux dans sa lettre ä l'Amiral le 21 février 1942.

(Cf. ci dessus).

34bis) La loi francaise ....«du 29 mars 1942 ... a reculé le point de départ des délais de prescription de toutes les infractions non encore prescrites lors de sa publication jusqu'à la cessation des hostilités (ultérieurement au ler juin 1946). ( ... )». Cette disposition ... a été corrigée par la loi du 12 mai 1950, qui a retiré à la guerre son effet interruptif, ne lui laissant que son effet suspensif» (André VITU et Roger MERLE, Traité de droit criminel. Editions Cujas, Paris 1967, pp. 676 677 ).

35) La prescription de dix ans court à partir du moment de l‘infraction. Mais cette prescription est interrompue par tout acte d'instruction nouveau: à la date d'un tel acte on recommence à compter dix ans pour atteindre le terme de la prescription. On voit ainsi comment un délai de prescription peut être indefiniment prolongé par le simple fait de poser indefiniment de nouveaux actes d'instruction.

Cf. R. MERLE et A. VITU, op. cit., p. 675.

36) BB / 29 / 622, Registre «Ministère de la Justice, ler Bureau Criminel, A 1938 », Archives Nationales, Paris.


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